Food À LA CARTE

Retour en enfance dans les assiettes lyonnaises

Publié le 21/02/2024

Saucisse-purée, coquillettes-jambon, œufs mayo... Les plats de notre enfance font leur grand retour dans les restaurants de Lyon et jouent avec malice la carte de la régression. À table les gones !

Longtemps boudés par les restaurants, car trop simples et associés à une cuisine de ménagère, de nombreux plats de notre enfance deviennent désormais des incontournables. Impossible par exemple pour le chef Bruno Da Eira, du restaurant Les Saints Potins, de supprimer la saucisse-purée de sa carte. Pourtant, au départ, ses confrères l’ont quelque peu raillé.

Reste qu’aujourd’hui le Tout-Lyon se presse pour planter sa fourchette dans cette saucisse bio et sans nitrite réalisée à Rillieux-la-Pape (69) par Patrimoniam. « C’est un plat faussement simple, surtout quand on fait sa purée et ses jus de viande maison! », raconte Bruno qui aime le côté canaille de ce plat. L’homme fait aussi partie de l’Asom, comprendre l’Association de sauvegarde de l’œuf mayo : « C’est un plat qui plaît et qui reste accessible en termes de prix. » Mieux : il donne une couleur conviviale et familiale à l’établissement.

Souvenir du dimanche soir

Autre restaurant ayant dû essuyer quelques moqueries à son démarrage : le Café Terroir. Avec ses œufs à la coque dans lesquels tremper des mouillettes au beaufort, le restaurant de la place des Célestins n’est pas passé inaperçu. Mais après neuf ans d’activité, c’est le plat que Jean-François Têtedoie ne peut pas remplacer. « Au début, on nous disait que l’on ne s’était pas cassé la tête… mais les clients adoraient ça. Aujourd’hui, nos habitués refuseraient qu’on les enlève. On a fait évoluer la cuisine mais les œufs restent. Leur cuisson est technique et demande une découpe parfaite », précise le chef qui en écoule jusqu’à 40 par jour.

Comme chez mamie

D’autres restaurants lui ont emboîté le pas, comme le Bouillon Baratte. « On a besoin de retrouver des plats connus 
au restaurant, des plats qui ne se faisaient plus »
, ajoute son propriétaire, Arthur Buchard, qui compte aussi un croque-monsieur – frites, un duo quiche-velouté de légumes, un flan… et, nouveau plat doudou qui fait fureur : un plat de coquillettes-jambon !

Ce grand classique est depuis peu revisité par une dark kitchen qui vient d’ouvrir à la Croix-Rousse sous le nom de Coquillettes. C’est aussi, et surtout, le best-seller absolu du Mama Shelter depuis son ouverture. Menée par Cédric Gobilliard, l’enseigne a fait de la cuisine régressive sa marque de fabrique travaillant, à l’époque, avec le chef Alain Senderens, sur une carte qui redonnait ses lettres de noblesse aux plats traditionnels. « On voulait cultiver le côté généreux et rassurant des recettes préparées par nos grands-mères », commente l’entrepreneur, toujours ému à l’évocation du veau Orloff de sa mamie roannaise et des Pralulines qu’elle lui achetait pour le goûter.

Régression et lâcher-prise

Le concept a trouvé son public. Face au sérieux de certaines tables, la légèreté, le fun et l’envie de manger sans se prendre au sérieux donnent dans le mille. Exemple chez Les Fils à Maman, adresse réconfortante des Terreaux. Devant la porte, un Playmobil géant. Sur les murs, un pêle-mêle de personnages de dessins animés des années 1980: Goldorak, Casimir, Candy... Dans le fond de la salle, une borne d’arcade et, au menu, un cordon bleu, des croquettes de Babybel, un tiramisu au Kinder… Comme un retour en enfance totalement immersif. À la fin du repas, on vous récompense même d’un bon point. Comme à l’école. Avec 10 bons points, on peut ensuite faire tourner une grande roue pour gagner un cadeau.

Une tendance kids friendly qui infuse même dans la pâtisserie. Avec son Impoli, Mercredi Biscuiterie fait le bonheur des amateurs de Napolitain alors que Sève cartonne avec ses oursons en guimauve au chocolat noir, au lait ou à la framboise. Vivement l’heure du goûter !

Mercredi Biscuiterie
41 Rue Franklin, Lyon 2e
Coquillettes
Uniquement en livraison avec UberEats et Deliveroo

Carnet d'adresses

Les Fils à Maman

Croquettes de Babybel, cordons bleus du Père Doudou, coquillettes-jambon à la truffe, gâteau façon Snickers, tiramisu au Kinder… Les Fils à Maman, c’est l’adresse régressive par excellence.

25 Rue de l'Arbre-Sec, Lyon 1er

Mama Shelter

Avec ses bouées multicolores et son baby-foot central, le décor plante d’emblée l’ambiance « kidulte ». Au menu: cheeseburger, crème Mont Blanc, big cookie bueno et indétrônable cocotte de coquillettes, jambon Mostoles et œuf bio mollet. Brunchs le week-end.

13 Rue Domer, Lyon 7e

Les Saints Potins

Sur la place Edgar-Quinet, la réputation de ce chouette restaurant de quartier repose en partie sur sa mythique saucisse-purée. Testez aussi l’œuf mayo.

7 Place Edgar-Quinet, Lyon 6e

Café Terroir

Si la carte du Café Terroir a pris des orientations bistronomiques, voire gastronomiques, il y a un plat indéboulonnable qui fait le bonheur des habitués et des petits nouveaux depuis le début : l’œuf à la coque accompagné de mouillettes au beaufort de 24 mois. 

14 Rue d'Ambroise, Lyon 2e

Bouillon Baratte

Sous la verrière, on vient manger des coquillettes-jambon-comté, un croque-monsieur entouré de frites, des œufs mayo comme chez mamie ou encore une saucisse de Toulouse de 1 kg, à partager entre gourmands. S’il reste de la place, enchaînez avec une part de flan. 

25 Rue du Bât-d'Argent, Lyon 1er

Pop and Wine

C’est l’adresse qui casse les codes du bar à vin. Avec ses néons de couleur, son ambiance décontractée et sa carte régressive, Pop and Wine donne dans la cantine à vin inspirée, mixant jolies quilles, corn dog à la saucisse de volaille, cookies aux Smarties, fondue au chocolat, fruits et bonbons, nuggets et pop-corn au cheddar.

14 Rue Palais-Grillet, Lyon 2

Par Véronique Lopes