Food A la carte

Streetfood sur triporteur

Publié le 12/02/2024

Moins polluants mais non moins charmants que les food trucks, les triporteurs signent le renouveau de la street-food lyonnaise, offrant du haut de leurs trois roues cafés de spécialité, jus de fruits vitaminés et petites douceurs réconfortantes.

En été, le triporteur multicolore Quai des Glaces fait des allers-retours quotidiens sur les berges du Rhône, traversant la place Bellecour en signalant son arrivée à l’aide d’une petite trompette. Voilà sept ans qu’il permet aux Lyonnais de renouer avec les commerces ambulants, jadis fréquentés par nos grands-parents. Et il n’est pas le seul à rouler des mécaniques dans les rues de Lyon. Sur la rive gauche du Rhône, on peut aussi croiser la roue de Camille Martinez de Pulpé, marchande de jus, infusions et thés glacés. « C'était une évidence. J'ai toujours aimé me balader dans Lyon et quand j'ai pensé à Pulpé et à son fonctionnement, j'ai décidé de le calquer sur mes propres déplacements. J'ai constaté qu'à certains endroits, il manquait vraiment une offre de boisson. Je me suis que je n'étais sûrement pas la seule à le penser et qu'il y aurait des clients potentiels sur ces spots », analyse la pétillante trentenaire, à retrouver vers la gare de la Part-Dieu et le parc Sergent Blandan.

 A bord de Tritri, du surnom donné à son triporteur, Vic Remy Legrand, fondatrice d’Oupsie, avait fait le choix de se poster sur le quai Augagneur. Depuis septembre 2022, elle fait elle aussi des tournées. Ses box de donuts et gourmandises sucrées comme ses lunch box sont désormais à récupérer, à Charpennes, Monplaisir ou au parc Blandan. « Je change d’itinéraire selon les saisons et l’affluence. Le plus simple c'est encore de s'inscrire à ma newsletter ou de me suivre sur les réseaux », raconte la cheffe, spécialisée en cuisine végétale.

Bonne humeur et faible impact écologique 

Pour ces entrepreneurs qui bravent le froid, la chaleur et déplacent leurs matériels, parfois de plus de 200 kg, à la force des mollets, le principal moteur du quotidien est le lien créé avec les clients. Ce que raconte Jonathan Estassy, de The Vagabond Coffee, posté les week-ends sur le quai Augagneur : « Autour d’un triporteur, les gens s’arrêtent. J’aime les mettre en contact en les présentant par leurs prénoms. Avec certains clients réguliers, on a organisé des apéros et restos. » La même convivialité anime Vincent Jardé, de la Course Café, depuis cinq ans. « Être toujours de bonne humeur, apporter quelque chose pour que l’on se change les idées, voilà l’ADN d’un commerce ambulant », raconte Vincent. Autre point commun : l’argument écologique. « J’avais réfléchi à lancer un food truck, mais il y avait une dissonance à proposer une cuisine écoresponsable, zéro déchets, locavore et végane... dans un véhicule polluant », rapporte Vic Remy Legrand. Même constat chez Pulpé : « Cela n'a aucun sens de défendre l'artisanat et les petits producteurs tout en impactant l'environnement. Et puis c'est dans l'air du temps, c'est adapté au dynamisme d'une métropole comme Lyon. » Pour autant, tous n’ont pas commencé à pédaler pour les mêmes raisons. Camille de Pulpé, a réalisé qu’elle ne pourrait jamais rester toute une journée devant un ordinateur alors que Vic, d’Oupsi comme Jonathan Estassy souhaitaient se lancer en minimisant le risque financier. Une sorte de galop d’essai avant de se fixer.

Un tremplin vers autre chose 

S’il adore son métier, Vincent Jardé de la Course Café est en effet conscient qu’il devra à terme se réinventer. Ce sont les prestations événementielles qui le font vivre, son activité sur les marchés restant saisonnière. « C’est aussi un métier très physique, qui bouge tout le temps. D’ici cinq ans, je pense que je me sédentariserai. » Si Vic d’Oupsi arrive à se sortir un modeste salaire, elle reconnaît aussi la difficulté des trajets, de la préparation en amont et des aléas de la météo qui impactent son affaire. Depuis quelques mois, elle s’installe de façon éphémère, mais régulière, dans des lieux physiques comme le Café Somos, où elle propose des brunchs. Quant à Montana Mehallel, fondateur de Quai des glaces, son concept fait déjà des petits : son système de triporteur réfrigéré, mis au point à Lyon, s’exporte de la Guadeloupe, à la Réunion en passant par Tahiti.

Carnet d’adresses 


La Course Café

Depuis cinq ans, ce barista initie les Lyonnais au café de spécialité nomade. S’il a commencé avec un triporteur, le concept compte désormais un chouette café-4L. Son best-seller ? Le marocchino (expresso, mousse de lait, chocolat) et l’expresso à la pistache.
Du mardi au vendredi de 8h à 12h30.
lacoursecafe.fr
 


Quai des glaces

C’est le premier triporteur qui a sillonné la ville. De la place Bellecour au quai du Rhône, ce bolide multicolore s’arrête dès qu’on lui fait signe, et sort de son coffre six parfums de glaces : fraise, citron vert, mangue, chocolat, vanille et pistache, à déguster dans un cornet croustillant. Pour le localiser, tendez l’oreille à l’affût de sa petite trompette.
Du 1er avril à début septembre.
quaidesglaces69.fr 


The Vagabond coffee

C’est en découvrant le café alors qu’il était expatrié à Chicago que Jonathan a voulu faire partager sa passion du petit noir aux Lyonnais.e.s. Dans sa machine on trouve du café lyonnais de chez Torréfaction Papillons et des grains en provenance de torréfacteurs européens avec lesquels le trentenaire s’amuse à changer les modes de filtration. 
Samedi et dimanche de 8h à 13h30, quai Augagneur
Instagram : @the_vagabond_coffee
Site : www.vagabondcoffee.fr


Pulpé

Dans son triporteur au toit vert et blanc, Camille ne compte ni les kilomètres, ni les litres de jus, infusions et thés glacés, dont les recettes changent à chaque passage. Pour les goûter direction les Archives municipales, la gare de la Part-Dieu, les abords de l’Opéra et du parc Blandan. 
Instagram : @pulpe.letriporteur
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