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Lyon, au fil de l'eau

voie bleue Lyon
Publié le 19/07/2023

Traversée par deux cours d'eau qui y confluent, la Ville de Lyon en tire avantage depuis l'Antiquité. Source de vie, de plaisirs aquatiques, et voie de commerce et transport, l'eau est omniprésente ! "Entre Rhône et Saône", le festival de l'eau, a été organisé à Lyon du 30 juin au 2 juillet 2023 dans un océan d'activités ludiques et écologiques. L'occasion pour les Lyonnais de renouer avec l'histoire de leurs fleuves et le bien le plus précieux de l'humanité. Prêts à plonger ?

Sans ses deux cours d’eau, Lyon ne serait pas celle que l’on connaît aujourd’hui. Saviez-vous qu’avant d’arborer un lion sur son blason, l’emblème de notre ville était d’ailleurs un pont ? « Et plus précisément, celui du Change, aujourd’hui détruit, qui reliait la place éponyme à Saint-Nizier », retrace Pierre-Jean Souriac, maître de conférences en histoire moderne à l’université Jean Moulin, et coauteur de l’ouvrage Nouvelle histoire de Lyon et de la métropole (Privat). Bien que simple rivière, la Saône est longtemps restée reine dans la constitution de la ville, n’en déplaise à son comparse, le fleuve Rhône, qui peut s’enorgueillir de sa largeur… et de son impétuosité. Indomptable jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, il débordait fréquemment sur les terres de la Tête d’Or et de Guillotière, mais sa présence a offert à la cité de réelles opportunités pour le commerce, « Lyon étant, avec Valence, l’unique endroit où l’on pouvait jadis traverser le Rhône », précise Pierre-Jean Souriac.

Une union retrouvée

apéro paddle Lyon

À la fois contraignante et source de richesse, la présence de l’eau a de tout temps façonné la Capitale des Gaules. Les travaux pour en faire un atout n’ont d’ailleurs jamais cessé. Après l’aménagement des quais du Rhône, en 2007, permettant d’écarter les voitures des bas-ports pour faire refleurir les flâneries d’antan, les rives de Saône ont à leur tour bénéficié, dès 2013, d’une transformation au long cours (50 km au total). L’occasion d’y faire (re)naître pléthore d’activités en y amarrant péniches festives, pontons et petits ports de plaisance permettant de pratiquer l’aviron, le canoë ou la voile. Avec ou sans permis, l’on peut aussi louer des bateaux électriques ou profiter d’apéros sur les flots à bord du Vaporetto.

Une vie sur l’eau qui bat son plein l’été, mais ne s’évanouit pas le froid venu comme en témoigne la fameuse « traversée de Lyon à la nage » (avec palmes) qui a lieu chaque hiver et rassemble les plus téméraires. Une vraie particularité locale et un amour de l’eau que la mairie écologiste a voulu ancrer plus solidement encore avec le festival Entre Rhône et Saône. « Par le passé, beaucoup d’activités avaient lieu sur et autour des cours d’eau, mais cette pratique s’est perdue. C’est pourquoi nous avons pensé le festival comme un rendez-vous populaire, familial et écologique », affirme Audrey Hénocque, première adjointe à la Ville de Lyon. Avec ce nouveau point d’attache entre Lyonnais et cours d’eau, petits et grands pourront découvrir de multiples activités nautiques et aquatiques : joutes, courses de kayak, mais aussi bals dansants au sein de guinguettes éphémères érigées au niveau de l’île Barbe et entre le pont de la Guillotière et le pont Wilson. Non loin de là, la fantastique Mâchecroute fera revivre la légende oubliée de ce dragon des crues que l’on imaginait tapi dans les profondeurs du Rhône.

Un trésor pour l’humanité

Des actions de sensibilisation et de dépollution auront également lieu : « Le festival est l’occasion de s’interroger sur la manière de protéger l’eau et l’écosystème de nos cours d’eau qui possèdent une grande biodiversité », poursuit Audrey Hénocque, ajoutant que Yann Arthus-Bertrand s’est imposé comme le parrain naturel de cette première édition. « Avec le réchauffement climatique, l’augmentation des sécheresses et l’utilisation des pesticides, cette biodiversité et ce bien inestimable qu’est l’eau sont mis à mal », alerte le célèbre photographe.

Un bilan inquiétant, souligné par le dernier rapport du GIEC, que la manifestation choisit d’affronter par l’écologie positive… et festive ! Entre Rhône et Saône se terminera en effet avec le spectacle Dérives : une parade flottante composée de silhouettes lumineuses qui glisseront au fil de la rivière pendant plusieurs heures. Une féerie qui en précédera une autre avec le lancement, quelques jours plus tard, du traditionnel feu d’artifice du 14 juillet. Un événement organisé depuis le règne de Louis XIII entre Rhône et Saône.

A bas les bouteilles en plastique

Qui n’a jamais eu l’appréhension de rentrer dans un bar, pour demander un verre d’eau, sans se sentir obligé de consommer ? Fort de ce constat, Lyon a décidé de rejoindre le mouvement #GourdeFriendly permettant à tous, locaux comme touristes, de remplir leur gourde gratuitement dans une large sélection de bars, restaurants, hôtels et commerces qui accueilleront la demande avec le sourire ! Un geste écocitoyen à la portée de tous.

Retrouvez sur cette carte l’ensemble des lieux #GourdeFriendly de la métropole lyonnaise.

Eau de forme

Comme un hommage à sa voisine la Saône, le spa Lyon Plage célèbre l’eau dans tous ses états sur plus de 8 000 m2, soit le spa indoor le plus gigantesque de France ! Outre sa célèbre piscine olympique (qui vaut le détour) et son bassin couvert de 25 mètres, on s’y prélasse dans un parcours d’hydromassages à ciel ouvert, une grotte animée de cascades et des lits à bulles. Saunas, hammams et sanariums complètent les lieux… Addictif !

Se rafraîchir, vite !

C’est l’été, la canicule bat son plein et l’écume de la Méditerranée vous semble bien lointaine ? C’est le moment de glisser sur le Rhône, de la Cité internationale à Confluence, perché sur un stand up paddle, ou de pagayer en canoë sur la Saône depuis l’île Barbe. À découvrir en autonomie ou avec des pros.

La voie Bleue

Reliant le Luxembourg à Lyon, la voie Bleue serpente le long de la Moselle puis de la Saône. Une vélo-route aménagée sur d’anciens chemins de halage que vous pourrez emprunter en famille le temps d’un week-end à Trévoux, à la découverte de son célèbre château fort ou encore de son ancien parlement. Pour vous restaurer, direction le restaurant Belles Rives pour déguster grenouilles fraîches et friture d’éperlans, avant une nuit dans l’un des chalets cossus du camping Kanopée, planté juste au-dessus de la rivière. Au retour, faites halte à la maison éclusière de Parcieux, un espace dédié à la culture, avant de déjeuner aux Petites Voiles et sa splendide terrasse à fleur d’eau, avec vue sur les monts d’Or. Plus que quelques coups de pédale et vous arriverez bientôt à Lyon !

 

Rencontre avec Laurence Cerclier, directrice d'exploitation des Bateaux lyonnais

En 25 ans de carrière, Laurence Cerclier a vu passer nombre de bateaux et d’histoires sur le Rhône et la Saône. Extraits.

bateaux lyonnais

Quelle est l’histoire des Bateaux lyonnais ?

Lancée en 1984, l’entreprise avait pour ambition de relancer le tourisme fluvial à Lyon qui avait totalement disparu. Pourtant, entre la fin du XIXe siècle et jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, des millions de passagers utilisaient les bateaux-mouches, originaires de Lyon, pour se déplacer entre Perrache et Vaise. Avec l’arrivée du tramway, l’activité avait totalement périclité, mais elle revient en force. En 1995, nous avons reçu 50 000 passagers en promenade touristique ; aujourd’hui, c’est plus de 200 000, dont 80 000 en restauration.

Quel est le rapport des Lyonnais à l’eau ?

Je pense que nous avons tous un rapport différent, mais il est clair que le Rhône et la Saône ont construit la ville et sont un repère pour les Lyonnaises et les Lyonnais. Par exemple, la numérotation des rues découle de la proximité et du sens de l’eau. Sur nos bateaux, nous retrouvons beaucoup de Lyonnais qui sont fiers de faire découvrir leur ville depuis le fleuve quand ils ont des invités de passage. Il est vrai que l’embellissement de la ville est flagrant depuis l’eau, sans compter que grâce aux aménagements des quais, nous avons de bas-ports propices aux flâneries. C’est impressionnant de constater comme la jeunesse s’est réapproprié cet espace.

Quel lien personnel entretenez-vous avec cet élément ?

Il est très fort puisqu’il rythme mon quotidien. Chaque matin, je vois le soleil se lever sur la Saône depuis mon bureau et le spectacle est grandiose. L’eau est une matière vivante, ses reflets fluctuent au gré du vent, de la couleur du ciel. Et son débit n’est jamais le même. Sans compter la richesse de la faune qui peuple les rivages : cormorans, poules d’eau, hérons ou même ragondins.

Pourquoi Lyon se dévoile différemment au fil de l’eau ?

Car la lecture paysagère est totalement différente. Plus bas sur l’eau, la vue porte différemment.. On avance à 12 km/h, un mode de transport doux qui permet de prendre le temps de voir les choses, bien plus que lorsque l’on est en voiture ou même en déambulation. À chaque fois, je découvre de nouvelles choses. Par exemple, je suis toujours très frappée par la verdure présente en ville, notamment sur la colline de Fourvière. Il y a peu, j’ai découvert qu’elle était entretenue par des chèvres au-dessus de Saint-Georges. Se balader sur l’eau permet de ressentir un vrai sentiment de sérénité, surtout quand les quais sont bondés !

Êtes-vous team Rhône ou Saône ?

Les deux mon capitaine ! La pente du Rhône est plus inclinée, son débit plus fort et son eau bleutée vient des montagnes. La Saône coule plus lentement et vient des plaines. Sa couleur émeraude vire au marron lorsqu’elle est agitée. Quand on observe une vue aérienne de la Confluence, on voit que les eaux ne se mélangent pas tout de suite. Chacune possède sa personnalité !