Mode à Lyon : le style de la rue

Par Fanny Pincanon.

Chez Citadium Bellecour, l’effervescence est palpable. « Ici, chacun peut trouver son style, de l’adolescent qui cherche des pièces pointues au quadragénaire en quête de basiques streetwear », assure Tanguy, vendeur passionné. Si les plus de 25 ans découvrent le phénomène Citadium depuis peu, l’enseigne est bel et bien présente sur le créneau de la mode street depuis 2018, attirant depuis sa création une jeunesse prête à investir massivement dans des pièces marquées et des labels rares venus d’outre-Atlantique. 

Exemple avec Ice Cream, la marque cofondée par Pharrell Williams et Nigo, ou les griffes lyonnaises Parur et Finesse. À quelques rues de là, Dimension Store cultive une autre approche. « On part d’une pièce forte, sneakers, sac, ceinture et tout s’articule autour », explique Mathis, l’un des vendeurs. À la sortie, les looks sont plutôt sobres et les logos discrets, pimpés par l’ajout d’un sac Vuitton vintage ou de sneakers ultrapointues. Même logique chez Street Connexion, pionnier lyonnais du streetwear, où les boots Timberland cohabitent avec les dernières Asics Gel-Kayano 14. 

Le style 69 en question 

Au-delà du look, le phénomène est particulièrement intéressant à Lyon parce qu’il s’appuie sur un socle de symboles communs (nombre 69, mots caractéristiques comme gone ou pélo) pour créer un sentiment de filiation et une identité collective forte. Dans les fripes et les ateliers-boutiques, les pièces vintage se mêlent alors à des créations locales, affirmant une appartenance à la ville et à un « crew » mixte, autre caractéristique de ce mouvement qui mélange sans complexes et sans distinction de sexe les références venues du rap, du skate ou du sport. 

Chez Elephant Vintage Store, temple de la fripe en Presqu’île, « les vêtements sont d’ailleurs rangés par catégories plutôt que par genre », souligne Kévin qui travaille dans la boutique depuis quatre ans. Parmi les best-sellers ? Maillots de foot, baggys, blousons en cuir « de papa » ou lunettes de soleil portées toute l’année. Les danseurs, très nombreux parmi la clientèle, recherchent surtout confort et fluidité. Même esprit libre du côté de Zoom, atelier-shop tout juste ouvert par le photographe Jim La Souille. Sa marque Rue d’Algérie est littéralement née dans la rue, à partir de portraits de Lyonnais invités à former un 69 avec leurs mains. « Ce signe donne un sentiment d’appartenance, les gens y tiennent vraiment », raconte-t-il. Dans sa boutique, Jim accueille déjà des collectifs locaux, le rappeur Okis ou les créateurs de la marque 6.9.5. Signe que la capitale des gones n’a pas fini de créer son propre langage stylistique. 

Du stade au skate et à la rue

De la place des Terreaux aux tribunes du Groupama Stadium, Lyon est à la fois terre de skate et de foot. L’occasion pour Adidas, associé à WallStreet Skateshop et à l’OL, de signer une collab’ unisexe et inédite marquée d’un lettrage HDV, en référence à Hôtel-de-Ville (spot de skate emblématique de Lyon) et du nombre 69. 

Nos adresses pour coller au style

Bob 69

© DR

Accessoire culte du rap français, le bob se décline à la sauce lyonnaise avec la griffe locale 69 La Trik. Logo frontal assumé, coupe unisexe et esprit crew, il se porte aussi bien avec un baggy qu’avec une jupe longue en jean. Un clin d’œil aux codes du rap des années 1990 remis au goût du jour. Pile dans la tendance. 29,90 €. 

© Tanguy Meliani

Vanille fraise

La casquette Ice Cream, c’est l’accessoire cool et coloré, pile dans l’air du temps. Imaginée par Pharrell Williams et Nigo, la griffe insuffle une dose de fun et d’impertinence à la culture street. Baggys et t-shirts au logo panthère sont aussi disponibles chez Citadium pour se la jouer total look. 60 €.

Vieux-Lyon dans le dos

© DR

Née en 2019, la marque 6.9.5 réunit quatre amis lyonnais unis par la street culture. Leur sweat oversize joue l’ancrage local, avec le 5 qui reprend une illustration du Vieux-Lyon, dessinée à la main par l’artiste muraliste Gaspard Mariotte, membre du « crew ». Un vestiaire urbain et facile à porter. 55 €. 

Polaire Power

© DR

Chez Elephant, temple de la fripe lyonnaise, la polaire se décline sous toutes les coutures. Patagonia, Gap, Adidas, North Face et autres marques sous influence gorpcore sont au rendez-vous, avec des modèles qui vont du basique accessible à la pièce la plus griffée.  À partir de 30 €.

Rétro run

© Fanny Pincanon

Sorties en 2008, les baskets  Gel-Kayano 14 reviennent en force. Silhouette rétrofuturiste, détails métallisés et confort absolu, la running d’Asics séduit skateurs, rappeurs et amateurs de looks des années 2000. En version argentée, blanche ou colorée, elles signent un style pointu sans sacrifier  l’allure street. À partir de 150 €.

Signe de ralliement 

© Jim la Souille

Clin d’œil à ses origines lyonnaises, le t-shirt Rue d’Algérie affiche le nombre 69 formé avec les mains. À retrouver au sein de l’atelier boutique Zoom où t-shirts et sweats se déclinent désormais à la demande. En effet, on choisit sa taille et son motif avant que le modèle ne soit pressé sur place. Le détail qui claque ? Craquer pour les bijoux de lacets. T-shirt à partir de 35 €, sweat à 69 € et bijoux de lacets à 15 €.

Come-back

© Fanny Pincanon

Longtemps cataloguées « chaussures de papi », les Paraboot font un comeback remarqué. On mise sur le modèle Michael à décaler absolument avec un jogging ou un pantalon cargo pour casser les codes. Fabriquées en Isère,  à deux pas de Lyon, elles incarnent  un vrai savoir-faire français et une qualité qui dure. 550 €.

Camouflage en mouvement

© Antoine Blot - Baptiste Jouvray

Avec son imprimé camouflage et sa coupe baggy, le « camo pant » signé Finesse passe du pantalon au short en un zip. La marque lyonnaise, qui bouscule la scène streetwear depuis cinq ans avec ses coups de com’ provocateurs, impose décidément son style avec panache.  100 €.