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Bandit Bandit hold-up rock

Publié le 21/02/2024

Né d'une histoire d'amour tumultueuse et d'une passion viscérale pour la musique, le groupe Bandit Bandit redéfinit avec brio, et sensualité, les frontières du rock. Avec ses envolées sauvages à la guitare et ses paroles incisives en français, 11:11, le premier album de Maëva Nicolas et Hugo Herleman, installés à Lyon depuis cinq ans, plonge le public dans un tourbillon électrique et féministe.

Notre rencontre avec Bandit Bandit

Votre tout premier album, 11:11, est sorti en septembre 2023, vous pouvez nous le pitcher ?

Hugo : « On a essayé de faire la musique qu’on aime. Notre fil rouge, c’est évidemment le rock mais on a aussi ce curseur de chanson française. Dans l’album, il y a des titres un peu plus pop, d’autres très dansants. Il y a parfois une espèce d’autocensure dans le milieu, avec des clichés bien ancrés, mais le rock peut être élégant et classe. On veut casser cette barrière !
Maëva : Oui, ce n’est pas qu’un truc de mec avec des motos et des grosses blouses noires (rires). On avait aussi envie de montrer aux gens qu’ils peuvent venir à un concert rock et retrouver la notion de mélodie, de texte. La variété n’est pas un gros mot, j’ai grandi avec.

De quoi parlent vos chansons ?

Hugo : On se raconte beaucoup, notre histoire avec Maëva, les relations humaines, mais on aborde aussi des sujets propres aux gens de notre génération : politiques et féministes.
Maëva : Par exemple, dans notre EP Tachycardie, il y a une chanson qui s’appelle Désorganisée qui parle des symptômes prémenstruels. On parle aussi d’emprise, de #MeToo... Mon rock n’en est pas moins rock : il reste libre et débridé. On veut aussi décloisonner le genre de ce public plutôt composé d’hommes entre 40 et 50 ans, dire aux femmes, aux personnes qui ont 20 ans que c’est aussi une musique pour elles, que c’est hyper safe de venir nous voir en concert.

« On se raconte beaucoup mais on aborde aussi des sujets propres aux gens de notre génération»

Avant d’être un groupe, Bandit Bandit, c’est d’abord une histoire d’amour. Vous nous racontez ?

Hugo : Avec Maëva, on s’est rencontrés en 2015 à Montpellier après avoir matché sur Tinder. Notre premier sujet de conversation a été la musique. Même avant notre rencontre “en vrai”, on passait notre temps à s’envoyer des vidéos de chansons par message. Moi j’étais déjà dans un groupe qui s’appelait Kursed, Maëva avait un pied dans le monde de la musique en tant qu’attachée de presse. On a commencé, assez naturellement, à jouer et à écrire des trucs ensemble.
Maëva : La musique a toujours été le socle de notre relation. Les trois premières années ont été tumultueuses mais on a réussi à trouver un point de ralliement grâce à la musique. On était tous les deux un peu perdus, dans des addictions, des choses sombres... Puis on s’est sauvés l’un et l’autre avec Bandit Bandit.

Comment passe-t-on du couple au groupe ?

Hugo : Tout s’est fait très naturellement. On a fait des démos sur notre ordi. On a trouvé un tourneur, et on s’est très vite retrouvés sur scène. C’était un pari risqué parce qu’on faisait tout ensemble. Mais on a bien fait de le prendre. C’était un kif absolu de partager ça en couple. On s’est séparés au printemps 2023, mais beaucoup de gens pensent que nous sommes toujours ensemble, parce qu’on garde ce truc sensuel dans la musique et dans notre attitude. On ne joue pas, on est comme ça. Il y a cette alchimie.
Maëva : L’amour est différent, mais même hors du “couple amoureux”, on reste une sorte d’hydre à deux têtes avec Bandit Bandit. On aime jouer avec ce côté chaud-froid, voguer dans les extrêmes, que ce soit en termes d’intensité ou de propos.

Comment est née votre passion pour la musique ?

Hugo : J’ai commencé la musique à 11 ans avec la guitare. Je n’avais pas de musicien dans ma famille mais j’ai été élevé au rock par mon père qui était un grand fan. J’ai rapidement écrit mes chansons et très tôt, j’ai su que je voulais en faire mon métier.
Maëva : J’ai commencé les cours de chant à 6 ans, et je n’ai jamais arrêté. La musique a vraiment forgé ma personnalité. L’artiste que j’ai le plus écouté dans ma vie c’est Jacques Brel. Il a nourri cette mélancolie compulsive que je garde toujours en moi. Quand j’étais enfant, c’était la seule chose qui me permettait de m’apaiser. À l’époque, je n’osais pas forcément imaginer la musique comme un métier, c’est un milieu difficile et je ne pensais pas avoir les épaules pour ça. Avec Bandit Bandit, j’ai trouvé la place que je devais prendre dans ce monde.

Votre premier concert c’était à Lyon ?

Hugo : Oui, c’était à Lyon au Rock’n Eat en avril 2019. Un bar un peu métal. On avait bien répété parce qu’on ne voulait pas faire ça à l’arrache. Plein d’amis étaient venus nous voir, et on a plutôt assuré. Moi j’avais l’habitude de la scène, mais pour Maëva c’était le grand saut.
Maëva : J’ai quand même vomi juste avant de monter sur scène (rires). J’avais l’impression d’être bloquée de partout. Après ce concert tout est allé super vite. On a joué en France, en Belgique, en Allemagne. En octobre 2019, six mois après, on était au Trianon à Paris devant 1500 personnes. C’est dingue !

Originaires du sud de la France, vous êtes installés à Lyon depuis cinq ans, pourquoi ce choix ?

Maëva : J’avais trouvé un job d’attachée de presse dans un label qui s’appelait Cold Fame et Hugo m’a rejoint.
Hugo : On avait fait le tour de Montpellier, on voulait une ville plus grande, mais on ne se sentait pas d’aller à Paris. À Lyon, on avait beaucoup de connaissances, des gens qu’on estimait beaucoup musicalement, comme le groupe Last Train. D’ailleurs, ils nous ont accueillis à bras ouverts et sont devenus des amis très proches.

Il y a donc une belle scène rock à Lyon ?

Hugo : Oui, il y a beaucoup de groupes de rock comme Last Train, Johnnie Carwash, After Geography...
Maëva : Il y a aussi pas mal de salles pour jouer comme Le Transbordeur, le Marché-Gare qui a rouvert il y a peu, le Trokson, La Marquise. C’est aussi un peu grâce au label et tourneur Cold Fame.

Vous habitez tous les deux dans les Pentes. Vous aimez le quartier ?

Maëva : J’habite non loin de la place Sathonay et j’adore. Il y a une synergie cool, beaucoup de clubs, de bars, de friperies. C’est con, mais ça nous ressemble, on est très chauvins avec notre quartier.
Hugo : Je me sens à ma place ici. Je vois des gens qui me ressemblent, des hommes déconstruits ou en phase de l’être, qui ont les mêmes combats que nous. Aujourd’hui, je me sens vraiment lyonnais. Quand on me demande, je ne dis pas que je viens de Montpellier.

Vous comptez rester à Lyon ou la capitale vous fait de l’œil ?

Maëva : On est en train d’en parler. J’envisage de partir à Paris l’année prochaine. Le problème avec la culture en France, c’est qu’elle est toujours énormément centralisée, surtout quand il s’agit de musique : pour les rencontres, la promo, les médias.
Hugo : De mon côté, je n’ai pas pris ma décision. Si je quitte Lyon, ce sera vraiment à contrecœur. »

Découvrez l'album 11:11 de Bandit Bandit

Biographie

Bandit Bandit, c’est l’histoire à la vie et à la musique de Maëva Nicolas, 28 ans, et Hugo Herleman, 33 ans. Biberonnée à la variété française, Maëva grandit dans la région d’Arles. Au collège, elle intègre son premier groupe et rêve, sans y croire, de scène. De son côté, Hugo, montpelliérain, est « élevé au rock ». Bouleversé par le divorce de ses parents, le jeune homme trouve dans la musique une échappatoire. La jeune Maëva aussi panse ses plaies avec le son. En 2015, c’est la rencontre. Elle est attachée de presse pour un label, lui est guitariste de longue date dans le groupe anglophone Kursed. Les deux passionnés de musique tombent amoureux. En 2019, ils se lancent en duo avec Bandit Bandit. Empli de sensualité, de spleen et de rock, le groupe sort deux premiers EP à succès et s’établit à Lyon, attiré par un réseau alléchant de camarades musiciens. Chanteuse, autrice et compositrice, Maëva fait vibrer les foules de sa voix puissante et de ses pas de danse envoûtants. Musicien, auteur et compositeur, Hugo électrise le tout avec sa gratte et ses riffs abrasifs. Abreuvé de textes toujours plus intimes et engagés, leur premier album 11:11 est sorti en septembre 2023, touchant le point d’équilibre entre rock et variété. Le couple n’en est plus un, mais la sensualité vibrante des deux artistes donne à tous ceux qui les admirent sur scène l’envie de se déchaîner jusqu’au bout de la nuit. Testez par vous-même le 22 mars à la MJC Ô Totem, à Rillieux-la-Pape dans le cadre du festival Les Chants de Mars.

Le carnet d'adresses de Maëva

Chez les tartes
« Comme son nom l’indique, c’est un restaurant de tartes situé juste en bas des Pentes. On adore, on squatte toujours là-bas. La gérante est même devenue une amie. »
5 PLACE FERNAND-REY, LYON 1er
Morfal 
«Un restaurant qui mérite une étoile au Guide Michelin. C’est de la fusion entre la cuisine asiatique et française, c’est tout petit et lechef de ce resto est absolument incroyable, il raconte ses plats comme personne.»
16 RUE HIPPOLYTE-FLANDRIN, LYON 1er
Le théâtre de la Croix-Rousse
 « Je trouve que la programmation est très chouette. C’est hyper éclectique, j’y ai vu des spectacles qui m’ont vraiment transcendée.» 
PLACE JOANNÈS-AMBRE, LYON 4e
croix-rousse.com

Le carnet d'adresses d'Hugo

Les 3 Chauves
 « Le croque-monsieur n’est pas cher et ils proposent un super cidre !»
88 RUE BÉCHEVELIN, LYON 7e
Sonic 
«Un endroit ultra safe. On dirait Berlin. J’y ai fait beaucoup de concerts et d’after. J’ai vu beaucoup de trucs hyper cool aussi, même en musique électronique alors que ce n’est pas forcément mon délire. J’ai ce souvenir de personnes très ouvertes d’esprit. »
4 QUAI DES ÉTROITS, LYON 5e
La Marquise
 « J’y jouais souvent avec mon ancien groupe. Il y a des concerts cool. Ce type de lieu est hyper important pour les jeunes groupes et les jeunes artistes. »
20 QUAI VICTOR-AUGAGNEUR, LYON 3e