Styleto, talent haut perché

Par Lisa Bron

De quoi rêviez-vous, petite, dans votre chambre d’enfant ?

« J’écrivais des histoires, des poèmes, des romans, qui ne verront jamais le jour ! J’avais déjà un petit micro pour chanter. J’adorais danser et surtout faire mes galas de modern jazz dans les théâtres de la ville. Je rêvais de toucher à tout ce qui entourait la scène. » 

Votre ascension débute sur les réseaux sociaux, puis dans des petites salles de concert partout en France… Jusqu’à remplir l’Olympia en 2024, avant même d’avoir sorti un album ! Vous diriez que le public vous a choisie ?

« Complètement. Certains spectateurs me suivent depuis dix ans et cela a forcément été un accélérateur. Souvent, après les concerts, j’entends dire : “J’ai l’impression de vous connaître, que vous êtes une vieille amie qui réalise son rêve.” J’ai conscience que faire une tournée de 30  dates sans avoir sorti d’album est une grande chance. J’ai l’impression que beaucoup de personnes ont la curiosité de me découvrir hors écran et je passe toujours du temps avec le public après chaque concert. Chacun a son histoire et j’essaye de me rappeler des visages. Le public est tellement investi dans mon projet que j’ai envie de lui rendre la pareille. » 

En 2021, vous aviez été adoubée par Ben Mazué qui vous a invitée sur scène à partager l’une de ses chansons. Comment s’est passée la rencontre ?

« Ce fut un moment incroyable pour moi, un véritable tournant. J’ai filmé une reprise du titre Gaffe aux autres, qu’il partage avec Jérémy Frérot. Ma vidéo a généré 1 million de vues en 24 heures, ce qui a interpellé Ben Mazué. Il a demandé à me rencontrer. Un café plus tard, il m’invitait à chanter sur scène ! C’était la toute première fois de ma vie que je tenais un vrai micro et que je portais des
oreillettes. Toute ma famille était dans la salle, même mon chien ! Depuis, nous avons enregistré un featuring (Changer de vie) qui fait partie de mon album. »

© Angele Marignac Serra

Vous collaborez également avec Louane. Cette artiste semble aussi vous avoir prise sous son aile ?

« Oui, j’ai de la chance ! Je la connais depuis longtemps : elle me prodigue des conseils et me fait me sentir à ma place. Elle m’avait invitée sur un album, je viens de l’inviter sur le mien. Je suis décidément très bien entourée sur ce premier opus ! »

Se laisser tranquille, c’est bien aussi !

Sortir votre album, Fille lacrymale avec un grand label (Columbia/Sony Music), c’est un aboutissement artistique pour vous ?

« Je n’avais pas de plan tracé. Je ne connais rien à l’univers de la production musicale. En réalité, mon rêve est de chanter avec les gens et de faire passer des messages avec ma musique. J’aime la sensation que mes chansons peuvent "faire du bien". Depuis, j’ai découvert tous les métiers qui gravitent autour d’un artiste et d’une tournée. Je me suis construit une garde rapprochée. Ce sont eux qui m’ont laissé le temps de construire un album à mon rythme. »

Dans les titres Faut que tu m’aimes et Dans la moyenne, vous défendez votre «normalité». Vous dites que vous «ne changerez pas le monde» et que vous êtes une véritable girl next door. Mais les filles normales sont rarement nominées aux Victoires de la Musique !

« Exactement (rires) ! Mais ce que j’aime rappeler, c’est que si certains jours je me sens comme une "grande pop star" grâce à mon passage à la Star Academy ou aux Victoires de la Musique, certains autres, je me sens nulle et je n’ai pas envie de sortir de chez moi. À d’autres moments, je suis juste dans la moyenne et c’est bien de rappeler que, parfois, nous n’avons pas envie d’être la meilleure version de nous-même, ou pas envie de travailler sur nous-même. Se laisser tranquille, c’est bien aussi. »

Vous mettez des mots sur des maux  de l’époque. Comme dans Mamamia où vous dites que vous souhaitez « arrêter de compter les calories », « [vous] occuper de ce que les gens pensent de vous », ou « dormir et arrêter d’angoisser ». C’est important pour vous de parler vrai ?

« Quand j’ai écrit cet album, chaque thème était inspiré de ma vie et de mes discussions avec mes amies, ma mère et ma sœur. Je me mets parfois à la place de l’autre pour parler de son vécu. En 
revanche, dans Fier de ta mère, je me questionne moi-même sur mon désir d’enfant. Je change d’avis un jour sur deux et j’ai envie de déculpabiliser les autres femmes à ce propos. »

J’adore le public lyonnais, même s’il a la réputation d’être calme !

La scène du Radiant, que vous allez occuper le 14 novembre prochain, a été foulée par Clara Luciani, Juliette Armanet ou encore Vanessa Paradis. Ça fait quoi de passer de spectatrice à tête d’affiche ?

« C’est dingue quand j’y pense… Chaque concert à Lyon est plus qu’important pour moi. D’abord, parce que toute ma famille est dans la salle. Et pas seulement : il y a aussi mes amis, mes connaissances et même mes profs de lycée ! Ma mère fait de la propagande (rires) ! Ensuite, parce 
que j’adore le public lyonnais, même s’il a la réputation d’être calme. De mon côté, je m’éclate à chaque concert ici. »

Votre rapport à Lyon a-t-il changé depuis votre notoriété ?

« On me reconnaît dans la rue et on m’arrête souvent, de manière très bienveillante. Mais je n’ai rien changé à mes promenades ni à mes habitudes. Je me balade en pleine foule place Bellecour sans aucun problème ! J’ai ici une routine à laquelle je tiens et c’est pour cela que je ne déménage pas complètement à Paris. »

Lyon est la plus belle ville de France !

Qu’aimez-vous par-dessus tout dans cette ville ?

« J’y ai mes racines. Nous avons toujours le même appartement, dans lequel je suis née et que j’ai quitté à 25 ans pour vivre entre Lyon et Paris. Surtout, Lyon est la plus belle ville de France ! Je ne veux pas entendre le contraire ! Je l’écris systématiquement sur Instagram, et cela me vaut bien des commentaires (rires). C’est une ville "à taille humaine", dans laquelle on se sent bien. Je n’arrêterai pas de proclamer mon amour pour cette ville ! » 

© Louise Carrasco

Biographie

La Lyonnaise, qui tient à son anonymat civil, s’est d’abord fait connaître comme créatrice de contenu sur YouTube, sous le pseudonyme Styletonic, du nom du groupe de musique du père d’une amie. 
En 2013, elle raccourcit le tout pour devenir Styleto : « J’en avais marre d’avoir le nom de scène d’une prof de yoga ! », explique-t-elle, amusée. Étudiante en communication à Lyon, elle prend peu à peu de l’assurance sur les plateformes digitales jusqu’à poster des reprises de chansons qu’elle affectionne. Banco ! Ses followers la propulsent sur le devant de la scène dans la vie réelle. Avec son chien, un cocker nommé Socky qui la suit partout, elle commence à remplir des petites salles de concert, puis des plus grandes, sans jamais cacher son trac ni sa sensibilité. 

Une authenticité qui lui a valu de remplir l’Olympia en 2024 et de sortir son premier album, Fille lacrymale, en mars 2025 (elle avait déjà à son actif un album de reprises, Carrousel, NDLR).
Actuellement en tournée dans toute la France, la Lyonnaise sera en concert le 19 septembre à Charnay dans le Beaujolais, lors des Vendanges Musicales, puis au Radiant, à Caluire, pour un concert « à la maison » le 14 novembre, avant de terminer au Zénith de Paris le 5 décembre.

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