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Des racines et des graines

Jardinerie La Gloriette
Laurence Papoutchian
Par Marie
Publié le 18/01/2024

Qui a dit que le jardinage était réservé à celles et ceux qui habitent à la campagne ? Jardins partagés, jardins de rue, coin de balcon ou de fenêtre… À Lyon et tout autour, on ne manque pas d’idées pour entretenir ses plates-bandes et se reconnecter à la nature !

Depuis le Covid, le jardinage occupe une place particulière dans nos quotidiens. D’après une étude réalisée en 2021 par Censuswide, pour le distributeur de produits d’entretien de jardin Evergreen Garden Care - Pause jardin, basé à Limonest : 90 % des personnes interrogées assurent que « les espaces extérieurs ont joué un rôle primordial pendant la pandémie » et 6 % disent en « avoir profité pour se mettre au jardinage. » Parmi elles, les Lyonnaises et les Lyonnais passeraient 2,2 heures par semaine à gratter la terre ce qui les placerait parmi les plus grands jardiniers de France… Il faut dire qu’entre Rhône et Saône la passion du végétal n’est pas chose nouvelle. Pour preuve une liste longue comme un tuyau d’arrosage de célèbres botanistes lyonnais : Jean-Baptiste Goiffon (1658-1730), Pierre Poivre (1719-1786) ou encore l'abbé François Rozier (1734-1793) qui créa le premier jardin botanique de Lyon en 1763, dans l’enceinte de l’École Royale Vétérinaire de la Guillotière. Notons aussi que la ville reste la capitale historique de la rose, fleur encore largement cultivée par une poignée d’horticulteurs locaux de réputation internationale... Un paysage historique qui a laissé des traces. 

Plus verte la ville

« Depuis sa création, il y a 25 ans, l’association Passe-Jardins (2) a accompagné plus de 250 jardins partagés sur la métropole lyonnaise ce qui représente à peu près 9 000 jardiniers-citoyens », dénombre sa directrice, Paola Baril. Dans les jardins ouvriers et familiaux, chaque jardinier cultive sa parcelle. Dans les jardins partagés, au contraire, les terres sont cultivées collectivement et les récoltes partagées entre tous. Chaque mois, l’association anime une réunion d'information citoyenne et reçoit à cette occasion tous les porteurs de projets potentiels. Pour info, les prochaines réunions auront lieu les 14 avril et 5 mai. Vous n’avez pas de projet de création de jardin mais vous aimeriez croiser des vers de terre ? Contactez un jardin proche de chez vous. « La plupart des jardins collectifs accueillent de nouveaux adhérents ! », assure Paola Baril. Sinon, rien ne vous empêche de vous lancer en solo tant les possibilités de jardiner en ville sont nombreuses que ce soit dans son salon, sur un rebord de fenêtre ou un balcon et même… dans la rue ! Pour re-végétaliser l’espace public, la ville de Lyon propose en effet à tous les volontaires, qu’ils aient déjà la main verte ou non, de créer des jardins de rue. A condition d’en faire la demande vous pourrez investir des pieds d'arbres, des espaces dans les jardins et des squares, imaginer des micro-implantations florales sur le trottoir d’en face… Depuis sa naissance, en 2005, le dispositif – qui permet de recevoir compost, terre, graines, bulbes et conseils une fois lancé-, a enregistré plus de 3 000 créations dont 1 300 entre 2020 et la fin de l’année 2021. 

Poussez les portes

Le Passe-Jardins, encore lui, met aussi à la disposition de tout.e.s une bibliothèque assez conséquente alors que le Jardin botanique de Lyon propose de manière régulière des ateliers pour apprendre à bouturer, réussir ses semis, entretenir ses plantes d’intérieur ou soigner ses orchidées. Ne pas hésiter non plus à faire le tour des jardineries urbaines (, souvent riche en ateliers à thèmes et initiations en tous genres. Bonne nouvelle, « pas besoin d'une panoplie extraordinaire pour se lancer », souligne Frédérique Roche, la créatrice de la jardinerie Gloriette. Quant au choix des plantes, souvent délicat, il suffit de faire preuve de bon sens. « En région lyonnaise, on a des climats de plus en plus chauds et secs. L'été, sur un rebord de fenêtre ou un balcon, on conseillera par exemple le sedum, le dipladénia, plante fleurie qui demande très peu d'eau ou encore la tradescantia, aussi appelée la misère », glisse Frédérique Roche rappelant que : « plus les plantes sont produites localement, plus leur empreinte carbone est limitée. Surtout, elles vont continuer de s’épanouir et seront plus résistantes puisque déjà cultivées dans l’environnement auxquelles elles étaient destinées. » Plus d‘excuses, à vos binettes !

 Un sécateur est toujours utile mais, dans un petit espace, une cuillère fera très bien office de pelle ! 

Une étude réalisée par Censuswide pour Pause jardin sur un échantillon de 1039 personnes résidant en France.
Pour retrouver l'annuaire des jardins partagés de la région : lepassejardins.fr

Trois questions à Sandrine Boucher

Journaliste et autrice de La Folle histoire des plantes.
« Il y a chez les urbains une envie profonde de renouer avec la nature »

Comment est né le projet de bande dessinée La Folle histoire des plantes ?

Avec Matthieu Ferrand, coscénariste et dessinateur, nous avions déjà travaillé ensemble sur une BD publiée dans Les Rues de Lyon [NDLR : numéro 22] : Le Retour de la Monstrueuse de Lyon, vraie variété de tomates de la région lyonnaise. Dans La Folle histoire des plantes, on retrouve une tomate, Azade, que Guy, jardinier ronchon, promet de ne pas manger tant qu’elle lui raconte des histoires de plantes. Avec Matthieu, nous avions envie de continuer à explorer ce monde-là, partant du constat que nous vivons une époque paradoxale. Il y a d’une part une envie profonde, notamment chez les urbains, de renouer avec la nature et d’autre part une connaissance de base qui s’est totalement perdue. Nous trouvions indispensable de s’intéresser à nouveau à ce que sont les plantes d’un point de vue botanique mais pas seulement. J’ai toujours eu envie de faire le lien entre le monde végétal et l’humanité dans tous ses aspects, que ce soit l’histoire, l’économie, la géopolitique. C’est ce dont on parle dans La Folle histoire des plantes. J’ai découvert, lors d’un reportage à Verdun, que certaines plantes ont été importées avec les guerres. Elles en sont encore la mémoire vivante. On parle aussi de la crise spéculative de la tulipe qui a secoué la riche société hollandaise du XVIIe siècle.

Comment peut-on se reconnecter à la nature en ville ?

On trouve dans la métropole de Lyon de plus en plus de micro-jardins, d’espaces verts, de jardins partagés… J’adore également les bombes à graines, arme de prédilection de la guérilla jardinière, un mouvement militant qui a démarré à New York en 1973. C’est très drôle de repasser devant les friches dans lesquelles on a pu jeter des bombes à graines et se dire en voyant pousser des plantes : c’est moi qui l’ai lancée ! On a enfin, avec le parc de la Tête d’Or, l’un des plus grands parcs urbains de France. C’est un moment toujours magique, en hiver, d’aller dans les serres tropicales. D’une manière générale il suffit d’ouvrir l'œil parce que de la nature est partout, il y a toujours une petite plante qui pousse dans une fissure.

Des adresses pour apprendre à jardiner et/ou à mieux connaître les plantes qui nous entourent ?

Lyon compte beaucoup d’associations. Des Espèces Parmi'Lyon fait par exemple découvrir la faune et la flore à celles et ceux qui les côtoient chaque jour sans même le savoir. On peut aussi participer à des chantiers de plantations, des créations de mares, etc. À la Tour-de-Salvagny, Arthropologia est une association naturaliste qui œuvre pour la connaissance et la protection des insectes – auxiliaires essentiels pour le jardinage. Ce sont des gens passionnés et très pointus. Enfin, le Centre de Ressources de Botanique Appliquée (CRBA), à Charly, est un endroit superbe. Ils ont un site d’expérimentation et organisent des visites régulièrement.

Pour aller plus loin
La Folle histoire des plantes, une bande dessinée en deux tomes, rédigée par Sandrine Boucher et illustrée par Matthieu Ferrand. Editions Terre Vivante.
A retrouver en librairie et en ligne sur lafollehistoiredesplantes.com

Carnet d’adresses : Jardineries et cie

Oasis urbaine

Frédérique Roche, fille, petite-fille et arrière-petite-fille d'horticulteurs croix-roussiens, et Anaïs Chassé ont imaginé, avec la jardinerie urbaine Gloriette, un petit paradis de verdure, en plein cœur de la Croix-Rousse. Sur deux niveaux, on y trouve nombre de plantes vertes d'intérieur et d'extérieur mais également de la (très) belle déco et tout ce qui pourra faciliter votre vie de jardinier lyonnais : du terreau en vrac pour ne ramener chez vous que ce dont vous avez besoin, des rétenteurs d’eau solides écologiques, des solutions pour les petits malheurs de vos plantes…

Labellisée « Lyon, Ville équitable et durable », la boutique tend à être une jardinerie responsable privilégiant le sourcing de marques responsables, une gestion rigoureuse des déchets mais également un approvisionnement local, dès que c'est possible, pour l’achat des plantes d'extérieur.
gloriettejardinerie.fr

Plantes rares et curieuses

À la recherche de plantes rares ? Direction Hankō ! Initialement une box de plantes d'intérieur et un eShop, c'est également depuis octobre 2023 une boutique dans le 2e arrondissement de Lyon. L'ensemble est porté par Maxime Thevenon, passionné et collectionneurs de plantes. En 2024, il présente son tout premier livre "Ma Collection de plantes rares et curieuses".

Hankō
2 Rue de Fargues, Lyon 1er
www.hanko-jungle.com

Engrais des montagnes

Comment nourrir ses plantes sans produits chimiques ? Grâce aux vaches du Beaufortain dont la marque lyonnaise La Belle Bouse récolte les déjections pour fabriquer un fertilisant performant, certifié Nature & Progrès et local. La Belle bouse ne travaille en effet qu’avec des fournisseurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La bonne surprise ? Ça ne sent même pas mauvais !
labellebouse.fr

SOS plantes vertes !

Grande serre du Jardin Botanique du Parc de la Tête d'Or

Votre plante n’est pas dans son assiette ? Vous l’avez trop arrosée ou pas assez arrosée, placée à l’ombre, exposée au soleil et lui avez chanté toutes les chansons de Pomme ? Bref, vous avez tout tenté et rien ne marche ? Prenez-la en photo. On le sait peu mais il est possible de poser des questions et d’envoyer des photos de végétaux mal en point aux jardiniers du Jardin Botanique de Lyon. Promis, ils tenteront l’impossible pour sauver vos protégées.

Écrivez à l’adresse suivante : [email protected]  ; jardin-botanique-lyon.com 

Refuge végétal

À l’image de la SPA pour les animaux, la SPV (Société Protectrice des Végétaux) agit pour les plantes ! C’est dans le 7e arrondissement que cette pépinière urbaine œuvre d’arrache-pied pour offrir une seconde vie aux plantes dont personne ne veut plus. Des spécimens qui ont trop grandi ou au contraire qui dépérissent chez vous mais également des plantes invendues de producteurs locaux. Leur bienfaiteur, Nicolas Talliu les sauve toutes de la benne et les bichonne le temps qu’elles trouvent un nouveau foyer.
societeprotectricedesvegetaux.com