Shopping TENDANCE

Réparer pour sublimer

Laurence Papoutchian
Par Marie
Publié le 24/08/2023

Repriser les vêtements et les objets que vous aimez pour qu’ils vivent encore plus longtemps ? Quelle bonne idée ! Mieux encore : oubliez la discrétion et affichez fièrement vos réparations.

Un acte militant et créatif 

Là où nos grands-mères veillaient à réparer les vêtements de la manière la plus discrète possible, on exhibe désormais nos coutures : la broderie réparatrice devient un acte militant et créatif ! Jennyfer, aka Jen Brode, est convaincue par la beauté de la réparation visible. Inspirée par les valeurs de l’Atelier des Nouveaux Designs, association lyonnaise dédiée à l’upcycling et à la revalorisation des matières destinées à être jetées, elle y anime des ateliers broderie et se forme à la réparation : « Il faut que l’on donne une seconde vie aux vêtements ! Que l’on fasse durer, que l’on arrête de jeter des jeans parce qu’ils ont un petit trou ! » C’est plus spécifiquement la réparation visible qui l’enthousiasme. Un art que les anglo-saxons nomment « visible mending ».

« J’aime que l’on transforme la réparation en élément décoratif. Ce n’est pas évident : les gens ont parfois du mal. Pourtant, il y a moyen de s’amuser : selon le vêtement, il est possible de vraiment le réinterpréter », insiste Jennyfer.

Avec elle, les trous de mite se transforment en points colorés et le petit accroc est couvert d’un morceau de tissu d’une couleur contrastée… 

Diverses techniques sont utilisées. Parmi celles-ci, on trouve le Sashiko, une broderie japonaise ancestrale utilisée pour réparer et consolider les vêtements de travail à l’aide de motifs géométriques et répétitifs. Zélia Smith, artisane d'art lyonnaise spécialisée dans le textile, est une adepte : « Le Sashiko a une grande résonance dans mon travail dans le sens où c’est une technique qui impose sa propre temporalité, et nous pousse à reprendre conscience du temps que prennent les choses pour être belles, utiles et pratiques. Il prend quelques secondes de jeter un jean ou un tote bag déchiré ou troué, là où il vous prendra peut-être quelques heures pour envisager et réaliser la réparation… Reste que le temps passé à lui redonner une seconde vie et la satisfaction de l’avoir réparé, avant de le porter, n’en sera que plus bénéfique. »

Les vêtements ne sont pas les seuls à profiter de ces réparations ostensibles et créatives. Chaussures et sacs sont rénovés, teints, patinés ; les assiettes brisées sont réparées à l’aide d’un filet d’or selon l’art du Kintsugi ; les meubles anciens sont repeints, retapissés, améliorés… On ne sait pas pour vous mais de notre côté, notre bonne résolution de rentrée sera de prendre soin des choses qui nous entourent et de les rendre encore plus belles.

À vos aiguilles !

Pour trouver inspiration et conseil en réparations textiles, ne manquez pas le prochain Knit Eat & Co. Les 23 et 24 septembre aura lieu la 4e édition du festival des fans d’aiguille. Au programme : tricot mais également, nouveauté de cette édition, couture, 40 exposants, 20 workshops et autant d'occasions de toucher les matières ou d’apprendre de nouvelles techniques.

Carnet d'adresses 

Visible mending is the new black

Adepte du visible mending, Jennyfer prêchera la bonne parole au Knit Eat & Co : ses ateliers sont déjà complets mais vous pourrez échanger avec elle sur son stand. Elle propose également un atelier broderie sur des thématiques libres une fois par mois à l’Atelier des Nouveaux Designs (49 rue Smith, Lyon 2e) : « Pour la broderie, il faut surtout prendre le temps. Ces ateliers offrent aux gens le temps qu’ils n’ont pas dans leur quotidien. »

Jen Brode
www.jenbrode.fr

Sauveur de sneakers

S’il n’a plus sa boutique dans le 6e, David Cantera n’a pas arrêté de sauver nos sneakers, loin de là. Depuis 2017, l’ancien patron du Modern Art Café dépoussière la cordonnerie et redonne vie aux baskets affichant trop de kilomètres au compteur. En plus de restaurations éblouissantes, David propose aussi des customisations.

L'art de la pompe
www.lartdelapompe.com

Ne pas faire tapisserie

Chez Töö, on rénove avec goût le fauteuil que vous venez de chiner aux Puces. Alice Bernaudat explique : « On aime contraster un fauteuil au style ancien avec un tissu moderne tout en gardant l’esprit du siège. L’idée, c'est d’offrir au siège une nouvelle vie pour qu’il s'intègre dans un intérieur moderne sans le transformer en meuble contemporain. » Töö propose également des ateliers d’initiation à la tapisserie d’ameublement.

Töö 
3 rue du Chariot-d’Or, Lyon 4e
www.too-lyon.fr

Apprendre le Sashiko

C’est en plein confinement que Zélia Smith s’est intéressée au Sashiko : « Sa pratique est initialement régie par différentes règles que l’on peut facilement s’approprier, voire détourner pour réaliser des réparations, voire des ornementations ludiques et surtout méditatives. » Dans son livre, L’Atelier Sashiko, elle nous montre combien le procédé est simple et relaxant à travers 20 projets de broderie pour réparer et customiser vêtements ou objets du quotidien.

Zélia Smith
L’Atelier Sashiko, par Zélia Smith, photographies de Chloé Lapeyssonnie, chez Marabout, 12,90 €
www.zeliasmith.com

Renouer les fils

Surveillez le programme des ateliers qu’Olivia Ferrand, artisane d'art spécialisée dans le textile, propose dans son atelier de Caluire. On y apprend à réparer les vêtements mais aussi la maille, version visible mending parce « qu’un trou, c'est pénible quand c'est un vêtement que vous avez acheté mais quand c'est un pull que vous avez tricoté, c'est pire ! »

Olivia Ferrand
www.oliviaferrand.net

Doigts de fée

Vous aimeriez réparer l’accroc de cette veste ou mettre au goût du jour ce manteau que votre grand-mère vous a donné mais ne vous sentez pas l’âme manuelle ? Filez (après avoir pris rendez-vous), dans les pentes, au Textile Lab, lequel propose un comptoir à retouches : on répare, on réajuste et, selon vos envies, on transforme même vos vêtements trop abimés ou trop sages.

Le Textile Lab
35 & 30 rue Leynaud, Lyon 1er
www.letextilelab.com

Recoller les morceaux

Le Kintsugi est une technique japonaise de réparation de céramique brisée à l’aide de laque végétale saupoudrée d’or. La discipline est née d’un courant philosophique, le Wabi-Sabi ou la beauté des choses imparfaites. Matthias Roy est tombé sous le charme pendant le confinement : « Le temps a un effet sur les choses et le Kintsugi en souligne la beauté. » Il se forme seul puis avec une artiste laqueuse, apprenant les gestes et la lenteur du processus. Aujourd’hui, il répare et propose des cours d’initiation, notamment à l’Espace Lyon-Japon (16 rue Bellecombe, Lyon 6e).

L'Atelier Minimal
www.latelier-minimal.fr

Folie réparatrice

Elles se sont rencontrées lors de leur formation dans une grande maison de maroquinerie et ont créé Sage Folie en 2020. Emeline Lemercier et Virginie Bussière aiment citer Montesquieu : « J'ai toujours vu que pour réussir dans le monde, il fallait avoir l'air fou et être sage. » Si créer une entreprise en pleine crise sanitaire était une folie, redonner vie et éclat aux pièces en cuir serait plus de l’ordre de la sagesse. Que vous souhaitiez réparer sacs (mais aussi siège, malle ou autre volant de voiture) éventrés, griffés, malmenés, ou recolorer une pièce qui ne vous plait plus, Sage Folie fait des merveilles.

Sage Folie
19 rue Royale, Lyon 1er
www.sage-folie.fr